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Idées voyages
28 janvier 2019

Terre de merveille

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Départ de Marrakech sur notre moto pétaradante. Le paysage file et défile. Il n’y a pas de meilleure route que celle vers les montagnes, comme si je pouvais rouler jusqu’au bout du ciel, jusqu’au sommet de l’humanité

 Bien que notre bolide peine a avaler les Km, nous dépassons aisément ânes, charrettes et chameaux (oui, oui !) qui font la course au temps. Au bord de la route, des hommes, seuls ou en groupes, ont le regard fixé droit devant, sans même prendre le temps de cligner, de peur de manquer la chance qui passerait par là. Les femmes colorées font la lessive avec leurs pieds, piétinant si fort le linge, comme si elles souhaitaient en extraire toute la misère du monde. Les montagnes grandissent aussi vite qu’un enfant, laissant s’échapper des tourbillons de nuages explosant le ciel. Les verts et les bleus rivalisent d’éclat tandis que le vent essaie d’attirer mon attention. Dernière route avant l’arrivée, route qui nous prépare a l’aventure que nous vivrons. Apres l’escalade de ce chemin sillonnant et bossu, mon regard embrasse enfin la Terre d’Amanar. L’odeur des conifères picote mes narines, la simplicité de la nature remplit mon esprit d’un calme qui contraste avec les battemen

ts de mon cœur, si rapides. Apres avoir arpenté ce domaine majestueux, nous nous préparons a affronter le vide : un parcours aérien où se complètent nature et technologie. Armés seulement de casque, gants et baudrier, nous mettons notre vie entre les mains de 2 câbles et 1 poulie. Premier obstacle. Un pont suspendu tantôt câble, tantôt bois. Je me lance, les mains crispées sur le cordage, en me demandant de tout mon être ce que je fais ici, maintenant, le corps dans le vide. Un pas à la fois, j’essais de ressentir la ou je vais, la d’où je viens, faisant fit dut vent et de ses conséquences, afin d’arriver a traverser. Lentement, très lentement, mais surement la terre ferme. En regardant derrière, ce pont me semble moins terrible que ce que j’ai vécu. Il m’a bien préparé a attaquer le deuxième obstacle, autre pont suspendu mais plus conventionnel, que je traverse avec plus d’assurance. Viens enfin l’ultime, le summum de la sensation : 4 tyroliennes en enfilade. Ca y est, je me lance, je me balance dans le vide, suspendue par mes 2 câbles et ma poulie. Je fil sur le fil, le vent dans les oreilles, la forêt plein

les yeux. Sans peur, avec comme seul sentiment la Liberté, je fonce sur la deuxième et la troisième tyrolienne avec grand enthousiasme. Fin de parcours, la quatrième, la dernière, la plus longue tyrolienne d’Afrique et du monde arabe. Je dois y aller. Vais-je y aller ? Je veux y aller. Les pieds en flèche, je fends le ciel, la tête dans les nuages, les yeux dans l’horizon, les villages aux maisons caramel. Tout s’arrête. Je suis pourtant toujours flottante, suspendue a mes câbles. Je me retourne, dos au sol, et je commence l’ascension. Avec mes mains, avec mes bras, de toutes mes forces, je me rapproche. Cette petite distance me parait si loin, si longue ! Je puise dans une énergie qui m’est inconnue, à l’aide de muscles dont je ne soupçonnais pas l’existence, pour accomplir ce dernier dessein. Une fois sur la terre ferme, je réalise a peine que c’était bien moi, évoluant dans le néant, suspendue aux cumulus. Je me sens vivante, je me sens neuve, je me sens prête a dire « A la prochaine » a toutes ses montagnes spectatrices de mes exploits.

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Commentaires
B
jolie la photo ...👍👏💋
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